Back to Recordings Reviews DIAPASON Passeggiata veneziana. Variation 56. Quasi habanera. RAVEL/SORABJI: Rapsodie espagnole. BACH/SORABJI: Fantaisie chromatique et fugue. CHOPIN/SORABJI: Pasticcio capriccioso. Michael Habermann (piano). BIS 1306, distr. Codæx (CD: 26,95 E). Ø2001, TT: 1 h 08'20". Technique: 8,5/10
Par Arielle Gouph Encore peu représenté au disque, le compositeur indo-perse Kaikhosru Sorabji laisse une œuvre considérable, d'une difficulté d'exécution telle que seuls quelques pianistes se risquent à la défricher. Ses structures gigantesques, au tissue polyphonique foisonnant, intègrent dans une harmonique postromantique des éléments rythmiques et mélodiques provenant de la musique orientale ou de l'univers atonal. Vertigineuse illustration de ces superpositions de textures dans le surprenant Pasticcio capriccioso (1933), déjà gravé, admirablement, par Fredrik Ullén, et déjà chez Bis : la Valse minute de Chopin devient le support d'une extrapolation de son propre matériau et se retrouve littéralement noyée sous des lignes mélodiques et des nappes harmoniques alla Thelonius Monk. La créativité débridée de Sorabji l'amaint, pour ses divers arrangements ou transcriptions, à une véritable recomposition de l'original. Si sa relecture de la Rapsodie espagnole (1945) reste relativement sage dans l'étoffement des textures et cadences, la Fantaisie chromatique et fugue se voit en revanche parée de tournures et de traits lui conférant une dimension grandiose proche des réalisations de Stokowski. Un univers musical étonnamment audacieux; un cas extrême, dans la lignée des transcriptions ou paraphrases signées Rachmaninov, Godowski ou Percy Grainger. Même s'il est parfois débordé face à de redoutables exigences techniques, Michael Habermann défend avec enthousiasme ces pièces pour la plupart inédites, presque aussi exigeantes pour l'auditeur que pour l'interprète. Copyright ©2003 by Arielle Goupil, all rights reserved. Reprinted by permission |